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Association agir ensemble/ L'art du tissage/Page4

 

 

 

 

 

L'art du tissage (page4)

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Les colorations

Depuis quelques années, la palette des tisserandes s'est diversifiée avec l'apparition des colorants chimiques, variant du jaune vif au bleu électrique en passant par le vert et le violet. Toutefois, les femmes utilisent encore des méthodes locales traditionnelles. La laine peut être travaillée au naturel (marron, noir, écru) ou teinte dans des bains de couleurs.

Toute une gamme de teintes s'obtient à partir de fleurs, de feuilles, de fruits, d'insectes séchés au soleil, pilés finement et tamisés.

Les couleurs de nature très diverse sont d'origine locale ou viennent de loin. Autrefois, elles parvenaient à la kasbah grâce aux caravanes. Aujourd'hui, on les trouve dans des échoppes spécialisées dans les souks, exposées dans des bocaux, à côté des plantes médicinales.

 

Pigments

Pour obtenir du marron si la laine n'est pas naturellement colorée, les villageoises peuvent faire rouiller des clous ou utiliser des fleurs de soucis.

Des nuances allant du rouge sang au brun en passant par un orange plus ou moins vif sont offertes par la racine de garance, la cochenille, le pourpre, le coquelicot, le henné, l'écorce de noyer, de grenade et de pommier, seuls ou associés.

Le thé, le safran, la daphné, les pétales de genêts et de mimosa permettre de riches dégradés de jaune vif et pastel ainsi que d'ocre.

L'indigo, employé à l'état végétal ou sous forme de petits blocs solides en provenance du Sahara, colorie instantanément en bleu vif l'eau du chaudron en cuivre alors que le murex se transforme en bleu outremer.

Des bains successifs de jaune et de bleu donnent le vert, également obtenu à partir de menthe sauvage, de feuilles de noyer, d'écorce de grenade utilisés seuls ou mêlés.

Les pétales de rose donnent un rose tendre et la lavande, le parme. Le vieux rose provient des graines de jujube.

La teinture et le séchage

Certaines teintes naturelles, chargées de valeur symbolique et dont seules les villageoises ont le secret de fabrication, sont préparées par celles-ci dans la cuisine traditionnelle ("asmal") abritant les fours en terre.

Dans la pénombre et la chaleur du foyer, les couleurs mijotent doucement.

Les femmes portent à ébullition l'eau du chaudron placé sur le "taket" (petit four).

La poudre est jetée dans une eau bouillante contenant du sel de gemme et de l'alun pour permettre la fixation du pigment sur les écheveaux de laine.

Une poignée de feuilles de henné séchées complétée parfois par du brou de noix concassées permet d'obtenir un rouge très intense.

 

La festonnerie

L'art du tissage se transmet de mère en fille. Par contre, les plus religieux ont le monopole de la confection masculine des tissus de laine et de coton aux couleurs exclusivement naturelles.

 

Une fois que le tissu est détaché du métier, il est envoyé au souk afin d'y être trempé dans un bain de couleur.

 

L'"aselham" (burnous) est invariablement brun rouge. Mais les tisserandes travaillent également sur des écheveaux teints au préalable par leurs soins.

La "tajllabit" est parfois striée de lignes polychromes.

Puis le tissu est porté au "fqih" ou au "ma'âllem" (savants du Coran) du village qui se chargent de la passementerie du plastron, des tresses des franges et du pompon. La fonction de tailleur ("khiata") est chargée de baraka, c'est pourquoi l'artisan doit être un érudit du Coran. C'est à travers ce rapport à la spiritualité que la communauté reconnaît au tailleur la légitimité de sa fonction exercée au nom de Dieu qui guide sa main habile. Le caractère religieux du tailleur est associé également aux outils qu'il utilise (objets tranchants et pénétrants) et au profond respect qu'inspire le tissage.

Spécifiquement masculine, la capuche est présente sur tous les vêtements des hommes alors que ceux des femmes en sont dépourvus. La confection masculine occupe une grande partie du temps du religieux qui travaille quotidiennement 3  à 6 heures excepté le vendredi, jour de prières.

L'apprentissage est long et commence tôt. Très jeune, le petit garçon reçoit l'enseignement coranique à la mosquée et accompagne le maître spirituel qui veut bien l'initier. Le matériel requis est simple. Le tailleur dispose d'un petit bloc de cire d'un centimètre de côté pour graisser l'aiguille et lui permettre de pénétrer dans le tissu sans l'accrocher, d'un dé, d'un morceau de cuir protégeant l'auriculaire de la main droite, d'une broche et d'une paire de ciseaux.

Pour écraser et assouplir la broderie ("tasfift"), il utilise un bâtonnet plat dégagé de son écorce.

Après avoir bâti son ouvrage, il travaille pendant une heure le fil qu'il a choisi. Dans un premier temps, il accroche au mur les brins serrés dans une mèche et confie l'autre extrémité au petit garçon qui les répartit autour de ses doigts. formant ainsi deux nappes. Pour assouplir le fil et le transformer en torsade, le tailleur le mouille sur toute sa longueur et le frictionne vigoureusement entre ses deux paumes. Il détache la mèche du mur et la fixe ensuite à l'aide d'une broche, sur sa jambe repliée, afin de l'empêcher de glisser. L'apprenti, debout en face, fait passer plusieurs fois la nappe de fils retenue par les doigts de sa main droite sur ceux de sa main gauche et vice-versa. Puis la torsade est fixée au tissu.

La festonnerie connaît un ordre précis qu'il faut absolument respecter. On commence par la couture centrale de la capuche et on finit par celle des manches.

Le pompon ("tasbayut"), uniquement présent sur la capuche du burnous, en est le point final.

 

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