Google

 

Association agir ensemble/ L'art du tissage/Page3

 

 

 

 

 

L'art du tissage (page3)

 <<<Retour |Page1 | Page2 | Page 3 | Page 4 | Page 5 | suite >>

 

 

 

 

 

 

Lavage de la laine filée

La construction du métier à tisser demande du temps (plus d’une heure), de l’habileté et de la patience. Il permet de tendre de manière régulière les fils de chaîne constituant la largeur du tissu. La première étape de l’ourdissage s’obtient de deux façons. Elle consiste à fabriquer la chaîne séparée en deux nappes de fils pairs et impairs grâce à la formation de l’encroix. Dans un mur, la tisseuse plante quatre piquets autour desquels elle enroule les fils de la chaîne à intervalle régulier selon un ordre déterminé. Cette méthode permet à la villageoise de procéder seule mais est peu courante dans le Haut-Atlas.

L’ourdissage, comme la tonte du mouton, est l’occasion de rappeler la cohésion villageoise par l’entraide communautaire.

Assise aux pieds des piquets qu’elles ont fichés dans le sol, éloignées d’une dizaine de mètres, les deux villageoises enroulent et nouent le fil que fait courir une troisième femme en formant une chaînette verticale le long des piquets.

 

 

Travaux agricoles et ourdissage du métier à tisser chez les Aït Hadiddou (1937-1939)

Elle forme ainsi un encroix au centre et fait autant d’allers et de retours entre les piquets qu’ils peuvent contenir de rangs.

Lorsque la mise en chaîne est achevée, on enlève les piquets du mur ou du sol et on les remplace par des roseaux (« ighanimen ») eux-mêmes remplacés plus tard par des traverses en bois percées de trous à intervalles réguliers permettant de fixer solidement la chaîne à l’aide d’un lien.

 

Une fois la chaîne achevée, on l’enroule sur l’ensouple supérieure et on transporte le métier chez celle qui veillera sur l’accomplissement de l’ouvrage commencé.

 

 

 

Deux ensouples de bois horizontales sont supportées par deux montants verticaux (« timundwin »). De un à trois roseaux sont glissés près de l’ensouple supérieure dans l’encroix. Ce sont les baguettes d’envergure qui maintiennent parallèles les fils de chaîne.

Autour de l’ensouple du haut, toute la réserve de la chaîne ourdie sur les piquets a été transférée. Cette poutre dérouleuse s’appelle « taghwsa » (« être rectiligne »). La poutre du bas est enrouleuse. Elle contient le tissage à proprement parler. Trois roseaux (« ighanimn ») attachés ensemble et fixés à la chaîne à la hauteur des épaules de la tisseuse assise à son travail font office de lice. Ils permettent le croisement alternatif des deux nappes de fils.

La tisseuse s’assied du côté de l’envers de son futur tissu.

De la main gauche, elle passe le fil de trame entre les deux nappes. De la main droite, elle tire la trame et ainsi de suite. Au-dessus des lices se trouvent un ou plusieurs roseaux. En les élevant ou en les abaissant, on ouvre alternativement le pas et le pas inverse pour l’aller et le retour du fil ou du brin de trame (la duite). Lorsque le roseau est en haut, les fils pairs se trouvent tirés en arrière par la barre de lice et les fils impairs qui restent verticaux sont devant.

Lorsque le roseau est baissé, il exerce une pression sur la nappe des fils impairs qui s’incurve tandis que la nappe des fils pairs passe en avant. Dès que 15-20 duites ont été passées, on les tasse légèrement avec le lourd peigne en métal que la villageoise tient par le manche en bois.

    

Les femmes forgent leur valeur par la force de leur travail et l'habileté de leurs mains. La laine est vivante, habitée par des forces invisibles. Il faut la toucher, la ressentir, la comprendre. Le tissage est le reflet de la jeune fille. La chaîne de l'ouvrage, claire ou embrouillée, est à l'image de l'esprit de celle qui l'utilise.

Les vêtements et autres tissus

Les villageoises façonnent des couvertures, des étoffes de laine blanche ("ihaykn") ainsi que des ceintures multicolores pour le mariage de leurs filles, des petits châles rectangulaires et des vêtements masculins à capuche. L' "aslham" ou "azennar" (en berbère) appelé "burnous" également (en arabe) est une large cape évasée.

 

Le burnous

La "tajllabit"

La "tajllabit" beaucoup plus ajustée est un long manteau droit. Entreprise par deux femmes, elle demande plus de 10 jours de travail à raison de 3 heures chaque soir. L'"aselham" plus ample, tissé en une seule pièce, demande plus de temps.

Chez les Aït Hadiddou, on tisse à la maison les haïks, les mantes et les burnous mais ni couvertures ni natte. On les achète aux tribus voisines. Pour faire une de ces pièces, un mois est nécessaire. Ce sont les femmes qui les tissent mais elles ne les cousent pas (voir ci-dessous "La festonnerie"). Rien n'est cousu dans leur vêtement. Les vêtements des hommes (burnous, chemises, pantalons) sont taillés et cousus par le "fqui" (voir ci-dessous "La festonnerie"); ce sont aussi les hommes qui tricotes jambières et calottes.

Autrefois, les femmes portaient de larges étoffes de laine ("tahaykt"), fixées par de lourdes fibules d'argent.

Une fibule

L'art du drapé n'a pas disparu, il apparaît encore à travers le costume de fête. La villageoise s'enveloppe plusieurs fois dans le tissu long de 4 à 6 mètres et large de 1,5 mètres qu'elle fixe au niveau des épaules avec des fibules et qu'elle fait blouser à la taille avec une ceinture.

 

 

 <<<Retour |Page1 | Page2 | Page 3 | Page 4 | Page 5 | suite >>

 

 

 

 

 


 

 
PageRank Actuel

Tous droits réservés 2010.| Admin| Contact |