Texte de Jean louis Tutard |
Testament |
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Je me fous de ma mort et de ma putréfaction de vos regards attristés, de votre compassion Car je ne serai plus lorsque les vers viendront Accomplir leur immuable et salutaires actions En se rassasiant au festin de mes entrailles Sans même respecter la fin des mes funérailles
La douleur aura quittée tout ce qui faisait mon être Vivrai-je encore ? Qui sait ? peut-être … Mais mes cellules inertes, exsangues ne vibreront plus La tiédeur de mon plasma ne sera plus qu’un océan de glace figé dans mes artères appelé c’est certain à finir dans la terre
je laisse à mon croque-mort le choix de mon cercueil et à ma bien aimée celui de mon linceul faites, si vous le désirez une petite messe ça pourrait consoler des amis en tristesse
surtout n’abattez pas un chêne centenaire pour couvrir ma dépouille qui finira en terre de vieux madriers oubliés, vidés de leur sève suffiront amplement pour la vie qui s’achève
gardez ces belles planches pour vos clochés en brèches et faites de ses branches du feu pour les nuits fraîches car désormais pour moi elles resteront glaciales dans l’absence éternelle de ce fond abyssale
Et lorsque je m’envolerai en mille feux follets Dans les nuits de l’été aux lunes immaculées Par mes faibles lueurs restées là ici bas Je viendrait c’est promis, éclairer vos ébats. |